Blue Origin reporte le premier lancement de sa fusée New Glenn

Blue Origin devait lancer pour la première fois lundi 13 janvier sa grande fusée New Glenn, un vol inaugural devant constituer un tournant pour la société fondée par le milliardaire américain Jeff Bezos, et potentiellement l’industrie spatiale privée. Après des années de conception et de multiples reports, cette fusée haute de 98 mètres, soit la taille d’un immeuble d’environ 30 étages, n’a finalement pas décollé. Le décollage a été reporté en raison de problèmes techniques non spécifiés.

“Nous abandonnons la tentative de lancement pour résoudre un problème de sous-système du véhicule qui nous conduirait au-delà de notre fenêtre de tir”, a indiqué Ariane Cornell, une dirigeante de Blue Origin, lors d’une retransmission en direct à laquelle assistaient des centaines de milliers de spectateurs.

L’objectif était clair : “Atteindre l’orbite. Tout ce qui va au-delà est un bonus”, avait fait savoir David Limp, le PDG de Blue Origin. Si la société du fondateur d’Amazon emmène déjà depuis des années des touristes pendant quelques minutes dans l’espace grâce à sa plus petite fusée New Shepard, elle n’a jusqu’ici mené aucun vol en orbite.

Rattraper SpaceX

Avec New Glenn, Blue Origin ambitionne de rattraper son grand rival SpaceX, qui appartient à un autre milliardaire américain, Elon Musk.

L’entreprise du patron de Tesla domine depuis des années le marché commercial spatial avec ses fusées Falcon 9 et Falcon Heavy, et développe aujourd’hui la plus grande fusée jamais créée : Starship. Hasard ou non du calendrier, SpaceX entend mener plus tard dans la semaine le septième vol d’essai de sa mégafusée.

Avec New Glenn, qui est un “lanceur lourd”, Blue Origin compte concurrencer SpaceX sur son terrain : le lancement de satellites commerciaux et militaires en orbite, mais aussi de vaisseaux et d’astronautes. Sa fusée doit pouvoir emporter jusqu’à 45 tonnes en orbite basse. C’est plus du double de Falcon 9, mais moins que Falcon Heavy (63,8 tonnes).

“C’est une bonne chose d’avoir de la concurrence, d’avoir le choix”, insiste George Nield, président d’une entreprise promouvant les activités spatiales privées. “C’est très important pour l’industrie spatiale commerciale, mais aussi pour le gouvernement et la Nasa” car cela permet non seulement de baisser les coûts, mais aussi d’offrir un plan B “en cas de problème sur un appareil”, dit-il.

Preuve en est, Blue Origin a déjà signé des contrats avec plusieurs clients, dont l’agence spatiale américaine pour une mission non habitée vers Mars, et le gouvernement américain pour des missions de sécurité nationale. Côté commercial, elle prévoit de déployer des satellites Internet pour plusieurs entreprises.

Elle devrait également, comme SpaceX avec Starlink, être chargée du lancement de satellites du groupe Amazon. Jeff Bezos et Elon Musk, les deux hommes les plus riches au monde, se livrent également bataille dans le domaine de l’Internet par satellite.

Les similarités entre les deux géants privés du spatial ne s’arrêtent pas là. Comme la Falcon 9, New Glenn est pensée pour être en partie réutilisable.

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